Philippe REGERAT ( Maître de conférences en Histoire ancienne, Centre de recherche Lenain de Tillemont), le Saint et les femmes « bien nées » ; Séverin de la cité de Favianis au tombeau de Lucullanum.
Dans la Vie de Séverin sont mentionnées deux femmes de haute naissance qui entrèrent en relation avec l’homme de Dieu (vir Dei ) : la première est Procula (nobilissimis orta natalibus, « de très haute naissance », ch. 46, 1-2). Les deux femmes ont en commun d’être veuves et riches ; mais l’une garde ses richesses pour elle (pis, elle cache ses réserves de blé en temps de disette, à Favianis ), l’autre, au contraire, les met à la disposition de la communauté monastique réfugiée en Italie, puisqu’elle accueille les exilés sur son domaine de Castellum Lucullanum et fait inhumer le corps de Séverin dans le mausolée qu’elle y avait fait construire. De la même manière, l’une fournit à Séverin l’occasion d’une exhortation à la charité ( rapidement suivie d’effet), l’autre donne l’exemple d’un acte de dévotion ( religiosa devotio, chj. 46,2) spontané à l’égard du saint. Deux figures antithétiques à première vue, mais que rapproche l’expérience de la conversion.