Jonathan CORNILLON
De quoi vivaient Jésus et ses disciples ? Comment l’apôtre Paul et ses compagnons finançaient-ils leurs activités missionnaires ? Les prédicateurs des premières générations chrétiennes étaient-ils rémunérés ? Quelles formes prenait la solidarité matérielle des premières communautés chrétiennes ? Cet ouvrage répond à ces questions en abordant l’ensemble des aspects économiques de la vie des premiers chrétiens. Dans tout l’Empire romain, la vie économique des premières communautés chrétiennes, depuis la prédication de Jésus jusqu’à la fin du IIIe siècle, n’était pas un aspect secondaire de leur engagement religieux, profondément lié à une approche éthique et solidaire de la pauvreté. Cela n’était pour autant pas contradictoire avec la mise en place de formes de financement diverses et ambitieuses, dès la prédication de Jésus. Ce livre montre que les exigences de la morale chrétienne s’accompagnaient d’une recherche d’efficacité, même si les abus et les dysfonctionnements n’étaient évidemment pas absents.
Éditeur : Le Cerf
EAN : 978-2204129978
Or il se trouve qu’en cette fin de VIe siècle, l’évêque Palladius de Saintes était à la recherche de ce surplus d’autorité spirituelle. Certes il appartenait à une grande famille gallo-romaine du centre de la Gaule (Bourges) mais il vivait probablement assez mal comme d’autres prélats issus des anciens milieux sénatoriaux cette immixtion des princes francs en Aquitaine. Aussi multiplie-t-il les fondations pieuses comme ses ancêtres ( on lui doit les églises Saint-Etienne, Saint-Eutrope et la rénovation de la cathédrale Saint-Pierre), mais il va aussi se livrer à un jeu politique dangereux en soutenant contre les rois francs un usurpateur, Gondevald, qui se trouvait être un agent de l’empereur de Constantinople. Il s’en fallut de très peu pour qu’il n’y perde la tête !
En tout cas, il se retrouva placé sous l’autorité spirituelle et la férule disciplinaire du métropolitain de Bordeaux qui, depuis la mort de Leontius vers 570, était Bertrachmus, un Franc apparenté aux fils de Clotaire. Position très délicate et peu confortable que celle de Palladius. Dans ces conditions, l’invention des reliques d’Eutrope et de la redécouverte de son martyre tombaient providentiellement à point pour redorer le blason de Palladius ! Comment le métropolitain de Bordeaux pourrait-il prétendre régenter celui qui était l’élu d’un martyr et qui, plus est, d’un martyr de la première génération apostolique, envoyé par un des premiers successeurs de Pierre quand l’Eglise de Bordeaux ne pouvait s’enorgueillir d’aucun martyr et qu’elle ne prétendait remonter qu’au début du IVe siècle ! Or il est plus que probable que c’était l’Eglise de Bordeaux qui conservait la mémoire la plus fiable.