Comme chaque année, l’Hymne pour le Samedi Saint invitant les futurs baptisés à s’approcher des fonts baptismaux a ravivé pour moi, Bacchus très cher, la mémoire de mon baptême : C’est une nuit plus claire et plus féconde / Que la lune, que le soleil ou qu’une étoile, / Celle où dans une auréole de lumière, / Tu nous as rendu le jour pour l’ombre […] Approchez donc, dignes maintenant / Du bain de la grâce : / Par cette source recréés, / Vous resplendissez comme des agneaux. Cette « splendeur des agneaux » a fait pouffer de rire ma Vera, toujours un peu critique vis-à-vis du style de Venance Fortunat [1]. Elle m’a glissé à l’oreille qu’elle remerciait le Ciel de ce que l’agneau resplendissant de trente ans d’âge que j’étais alors au moment de mon baptême s’était mué au fil des années en vieux bélier de soixante (je lui sais gré de ne pas avoir dit « mouton »), à peine terni quant à l’extérieur, mais toujours renouvelé intérieurement par cette fontaine spirituelle qui ne trompe pas.
[1] Voir, sur ce site, l’analyse qu’en fait Bessus dans la lettre 51 du corpus Bessus/Bacchus, rubrique « Une correspondance campagnarde », lettre présentée sous le titre : Venance Fortunat, auteur de « Frère Jacques » ?, mise en ligne le 15 septembre 2014.